Histoire – Patrimoine
Balschwiller au cours des siècles
Notre village est cité pour la première fois sous le nom de “BALTOVILLARE” ou “BALTOVILLRE” en 728, quand le comte Eberhard, fondateur de l’abbaye de Murbach et descendant des Ducs d’Alsace les «Etichonides», le donna à Murbach. Il fit plus tard partie du comté de Ferrette. Les comtes de Ferrette, qui avaient pour aieux les comtes de Montbéliard, placèrent des ministériaux dans les grands villages. Fidèles à leurs seigneurs, ces derniers les administraient et portaient le nom du village qui leur avait été confié : « BALSWILLER » dès 1203. Ils habitaient le « vieux château » mentionné pour la première fois en 1333.
La région dans laquelle Balschwiller s’est formée fut habitée dès l’époque romaine : les preuves en sont la découverte de briques, de tuiles, de monnaies et des fondations à domination romaine en Alsace. Un chemin romain, dit Herrenweg ou Steinweg, passait par le ban de Balschwiller.
Sur cette carte postale de 1902, nous pouvons observer la chapelle Saint-Nicolas qui se situait à l’entrée du village (en venant de Mulhouse). Elle fut détruite lors des bombardements de 1914. On pouvait y accéder directement depuis la maison Brungard “smorandi’s”.
Sur cette carte de 1911, nous revoyons la chapelle Saint- Nicolas ainsi que l’auberge “Zur Sonne” agrandie, le lavoir et derrière celui-ci, la maison du pâtre.
Les Cisterciennes de Blotzheim, les Johannites de Mulhouse, les Dominicains de Bâle et le couvent des religieuses de Schoenensteinbach possédaient des biens à Balschwiller. On trouvait également deux cours colongères dont la plus grande appartenait aux Habsbourg et était administrée par des châtelains, l’autre, plus petite fut celle de l’abbaye de Masevaux qui fit administrer ses possessions dans le village par cette cour. Une chapelle Saint Nicolas s’y trouvait : le sanctuaire du « Niederdorf ».
Notre village fut éprouvé par les Armagnacs (1444), mercenaires devenus libres à la fin de la guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre et les Bourguignons sous les ordres d’Etienne de Hagenbach.
Pour venger son frère, Pierre, grand Bailli du Duc de Bourgogne en Haute Alsace, exécuté à Brisach au printemps 1474, envahit le Sundgau et fit piller les villages de la vallée de la Largue. Les habitants dont le curé de Balschwiller furent victimes de cette invasion.
Au début du 17ème siècle, le Sundgau connut une épidémie parmi le bétail (en 1615), épidémie qui explique la fondation d’une confrérie St-Sébastien dans notre paroisse au cours de cette année durant laquelle s’ouvrit la Guerre de Trente Ans (1618-1648), première guerre européenne de l’Histoire.
Dès le début de la guerre, le Sundgau connut le passage et le cantonnement de nombreuses troupes et devint un champ d’opérations militaires à partir de 1632 avec l’invasion des Suédois. En 1633, les paysans sundgauviens, parmi lesquels les habitants de notre village et des environs, se soulevèrent contre les Suédois qui avaient occupé le Sundgau. Les paysans succombèrent : le Maire de Balschwiller fut également emprisonné par eux mais il finit par s’échapper.
Il semble que le village d’Uetwiller ait disparu durant cette guerre ; la légende s’est formée autour de l’emplacement de cette agglomération dont on entend parfois les cloches englouties sonner pendant la nuit …
La Guerre de Trente Ans prit fin en 1648 par les traités de Westphalie signés à Munster et à Osnabruck. Les territoires autrichiens en Haute Alsace passeront au roi de France. L’organisation du Sundgau jadis autrichienne fut maintenue : le Sundgau restait divisé en seigneuries.
La Guerre de Trente Ans avait fortement dépeuplé l’Alsace.
0728
Notre village est cité pour la première fois sous le nom de “BALTOVILLARE” ou “BALTOVILLRE”.
1100
Balschwiller eut une église qui servit également aux fidèles d’Ueberkumen.
1203
Notre village devient “BALSCHWILLER”
1375
Les deux églises ont été détruites par des mercenaires anglais, puis reconstruites.
1444
Notre village fut éprouvé par les Armagnacs
1615
Suite à une épidémie, fondation d’une confrérie St-Sébastien dans notre paroisse.
1682
Un maître d’école est cité dans les registres paroissiaux de Balschwiller.
1865
Balschwiller comptait 688 habitants.
1914
Balschwiller et Ueberkumen furent occupés définitivement par les troupes françaises au mois de septembre 1914.
1916
Destruction de l’église
1972
Fusion de Balschwiller et Ueberkumen.
Le Café-boucherie Siegrist Joseph, détruit pendant la Grande Guerre, reconstruit, il fut géré dans les années 1930 par Nicolas Gerber sous l’enseigne “A la Ville de Lyon.” En 1946, Anselme Uffholtz devient le nouveau propriétaire, il n’exploita que la boucherie et Rosa Volmer, épouse d’Ernest Schlienger, le café, qui prit le nom “A l’Arbre Vert.”
Cette carte représente le moulin reconstruit par Joseph Geitner en remplacement de l’ancien, détruit par un incendie le 25 mai 1906. Repris par Joseph Geitner fils en 1913, il sera vendu en 1914 à Joseph Schnoebelen.
La famine, les épidémies et la guerre avaient décimé la population du Sundgau. Pour repeupler le pays, le roi et les seigneurs favorisèrent l’immigration en accordant des privilèges financiers et des terres aux immigrants. Une forte immigration venue de Suisse en fut la conséquence. Balschwiller, comme d’ailleurs presque tous les villages du Sundgau, eut des immigrants suisses essentiellement issus des régions de population catholique, telles que Soleurois, Lucerne ou encore de la Principauté des Princes-évêques de Bâle. Les terres restées longtemps en friche purent à nouveau être cultivées.
Cette carte de 1904 nous montre le quartier de l’église. A gauche, vous trouvez la maison Kiene, “Schriener’s hansa”, qui ne fut pas reconstruite après 1918. Puis, la maison des soeurs Hartmann acquise par Aloyse Gensbittel vers 1920 (la maison date de 1803.) Plus bas, à gauche, nous voyons un oratoire devant la propriété du forgeron Christen.
A partir de 1682, un maître d’école est cité dans les registres paroissiaux de Balschwiller.
A l’origine Balschwiller faisait partie de la paroisse de Gildwiller dont le sanctuaire placé au haut de la colline sacrée, avait été l’église-mère des villages situés au pied de cette hauteur.
Au cours des siècles, vers l’année 1100, Balschwiller eut une église qui servit également aux fidèles d’Ueberkumen. D’après une vieille tradition, Saint-Morand, apôtre du Sundgau et prieur d’un petit prieuré clunisien près d’Altkirch, visitait toujours cette première église lors de son pèlerinage à l’église Notre-Dame de Gildwiller.
Avant l’année 1200, Balschwiller avait deux églises, l’une était placée au « Niederdorf » près de la cour colongère de Masevaux, l’autre, sans doute érigée par les comtes de Ferrette et destinée aux fidèles de la cour colongère seigneuriale, s’élevait dans « l’ Oberdorf » (haut village).
D’après « la chronique de THANN », les deux églises auraient été détruites par des mercenaires anglais autour de 1375 mais auraient été reconstruites. Celle du « Niederdorf » devint une chapelle, l’autre par contre, une église Saint-Etienne, vocable de l’église précédente. Elle s’élevait d’ailleurs au même endroit que jadis et était entourée du cimetière.
La paroisse de Balschwiller-Ueberkumen faisait, comme toute la Haute Alsace, partie du diocèse de Bâle jusqu’en 1790. Elle figurait sous le chapitre rural du Sundgau dont le centre religieux était l’église d’Ammertzwiller, le village avoisinant. L’église Saint-Etienne de Balschwiller était dotée d’une chapellerie St-Jean-Baptiste fondée par les nobles de Balschwiller et la famille de Lichtenfels qui habitaient le château ; elle fut desservie par un chapelain. Tous les paroissiens furent membres de la Confrérie de Saint- Sébastien déjà citée plus haut, ils devaient visiter et aider les malades et les pauvres. Cette confrérie profitait des dons pour prêter de l’argent aux membres nécessiteux et pour soutenir l’administration de l’église.
A la tête de la Confrérie se trouvait le « Bruderschaftsmeyer » éligible tous les trois ans : la Confrérie comptait parmi ses membres également des fidèles d’autres villages du Sundgau.
L’oratoire de Saint-Tenigen près de notre village, oratoire portant le millésime 1583, remplace sans doute une chapelle de Saint-Antoine l’Ermite, paysan saint, protecteur du bétail.
Pendant la Révolution, le curé Welterlin, originaire de Heimsbrunn, ne signa pas la Constitution civile du clergé et émigra en Suisse ; la messe fut administrée par un prêtre jureur, le curé Schaumas, qui n’eut pas beaucoup de succès parmi les fidèles et qui dénonça les prêtres dits réfractaires et les fidèles qui les protégeaient. Le curé Welterlin rentra à Balschwiller en 1800 mais se retira trois ans après dans son village natal. Après la mort de Monseigneur Saurine, évêque de Strasbourg, il reprit ses fonctions de curé à Burnhaupt-Le-Bas puis à Balschwiller où il fit reconstruire la chapelle St- Nicolas. Il resta jusqu’en 1827 à Balschwiller puis se retira définitivement à Heimsbrunn.
Son neveu, Joseph Rust fut son successeur. Il fit construire l’église de Balschwiller qui fut détruite le 21 juin 1915. Lors de cette construction (1846- 1849), on démolit l’ancien chœur gothique qui, paraît-il, était d’une grande beauté. Le curé Rust demanda le changement du vocable pour des raisons pratiques ; les églises de Balschwiller, Buethwiller et d’Ammertzwiller étaient toutes des églises St-Etienne. Il proposa le vocable de St-Morand ; l’église fut consacrée à l’apôtre du Sundgau (avec celle de Steinbach, l’unique en Alsace) par Monseigneur Raess, évêque de Strasbourg. Par sa simplicité, sa bonté, sa piété et son zèle, le curé Rust qui n’avait administré qu’une seule paroisse, celle de Balschwiller, jouit de l’estime de tous ceux qui l’avaient connu. Il décéda en 1866 et repose au cimetière de sa paroisse.
D’après le recensement de 1865, Balschwiller comptait 688 habitants et Ueberkumen 297 habitants ; un notaire et un percepteur y résidaient au dernier siècle.
La partie basse du village fut souvent inondée par la Largue qui transformait les prés en un grand lac. Ne dit-on pas « Larg, Larg treib’s nicht zu arg ! ».
A son tour le Soultzbach grossissait parfois tellement que toute communication entre Balschwiller et Ueberkumen était impossible. Les registres paroissiaux mentionnent d’ailleurs de nombreuses noyades dans la Largue. Balschwiller connut aussi de grands sinistres en 1855 et en 1885.
La guerre de 1870-71 ne toucha heureusement pas notre village. La statue de la Vierge à Ueberkumen rappelle cette année tragique, durant laquelle notre commune eut de nombreux cantonnements lors du siège de Belfort en hiver 1870-71. Par contre, la première guerre mondiale s’abattit sur notre région : Balschwiller et Ueberkumen furent occupés définitivement par les troupes françaises au mois de septembre 1914. Le front passait par la route de Burnhaupt : les deux villages étaient donc situés à proximité immédiate des tranchées et formaient une importante position stratégique dans cette partie du front du Sundgau. Ils subirent de nombreux bombardements d’artillerie surtout en 1914, en 1915 et en 1916. La population fut évacuée dans la région de Montreux-Vieux. La reconstruction dura plusieurs années : l’église paroissiale fut reconstruite, ce qui ne fut pas le cas pour la chapelle St-Nicolas.
Pendant la seconde guerre mondiale, lors de la libération du village, des maisons, le clocher et la cure furent endommagés et cinq granges furent incendiées par le feu d’artillerie le (27 novembre 1944).
Ueberkumen était une sorte d’annexe de Balschwiller, prolongée au-delà du Soultzbach. On l’a cité pour la première fois en 1421 « im ubriken bann », en 1509 « zu Uberkum ». L’origine du nom est facile à expliquer, il provient de l’expression « hin überkomen » qui signifie passer de l’autre côté de la rivière grâce à une passerelle. Les deux communes ont fusionné en 1972.
L’église actuelle ressemble à celle détruite en 1915 et a gardé son portail néo-classique. Malheureusement, elle a perdu en 1915 les statues du 15ème siècle et des reliefs en bois représentant la vie de St-Etienne ; seules quatre statues gothiques ont été sauvées. Une sculpture en pierre fut encastrée dans le mur du cimetière où l’on voit également une chapelle du Mont des Oliviers qui remplace un ossuaire. L’autel principal est embelli par un tableau de « Saint Morand », un autel latéral, par celui de « Saint Sébastien », les deux réalisés par René Kuder artiste peintre très renommé.